Hello 🌳,
Aujourd'hui on va parler mode !
Enfin, surtout de son impact.
Si on connaît assez bien le podium des secteurs qui émettent le plus (production d’énergie, transports et production alimentaire), on oublie souvent le suivant : l’industrie textile, avec sa fast et même ultra fast fashion…
Un secteur, où il est difficile de percevoir la facture environnementale associée tellement ses activités se passent loin de nous.
Regardons ensemble :
🌍L’impact environnemental du textile
💰Pourquoi la France à un coup à jouer sur le textile
💸Quelques pistes pour investir dans la mode responsable.
C’est parti !
Gaël
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👕 Ultra fast fashion vs Mode responsable
Les ordres de grandeurs de l’ultra-fast-fashion font froid dans le dos. Rien que pour Shein, le leader du secteur, on parle de :
- Plus de 10 000 nouveaux articles par jour
- Une application parmi les plus téléchargées dans plus de 50 pays
- Deux à trois jours de délai entre la création et la commercialisation (hors livraison) d'un nouveau produit
Déjà que je trouvais la fast-fashion ridicule, là, on atteint des sommets.
La production de vêtements a tout simplement doublé entre 2000 et 2014, alors que la population mondiale a crue de seulement 20%.
On va avoir besoin d’un paquet de dévendeurs pour enrayer tout ça !
Heureusement, il existe des alternatives de qualité pour s’habiller durablement et sans flinguer la planète.
J’y reviens en fin de newsletter.
🌍 Industrie textile et environnement
D’un côté, l’empreinte carbone du secteur textile se situerait autour de 3,3 milliards de tonnes de CO2eq (chiffres de 2018), pour la production de matière première, sa transformation, sa distribution et sa fin de vie mais sans les émissions liées à l'usage (lavage etc).
J’utilise le conditionnel car pour les émissions liées au textile les sources divergent pas mal, je vous ai mis ici celle qui me semblait la plus crédible et exhaustive.
Selon l’ADEME, si on continue sur la voie actuelle, le secteur du textile pourrait même représenter 26% des émissions de GES globales en 2050.
De l’autre côté, c’est sa consommation d’eau qui inquiète.
Le textile est le troisième secteur le plus gourmand après la culture du riz et celle du blé.
Captant ainsi presque 4% des ressources en eau potable de la planète.
Creusons un peu pour comprendre d’où proviennent ces impacts et comment nous pouvons les limiter.
Un secteur accro aux énergies fossiles.
Selon l’étude Quantis de 2018, la majeure partie des émissions proviendraient, non pas de la production de matière première (15% des émissions) mais de la préparation des fils (28% des émissions) et des étapes de teintures et de finitions (32% des émissions).
Ces deux étapes sont très émettrices car elles nécessitent beaucoup d’énergie, pour chauffer l’eau des teintures par exemple, et sont réalisées dans des pays utilisant principalement des sources d’énergie fossiles.
Assez paradoxalement, le transport ne représente que 1% de l’empreinte carbone.
C’est plutôt compréhensible quand on sait que le textile se déplace principalement en navires qui ont une des empreintes les plus faibles rapportée au poids transporté (cf notre édition sur le transport maritime).
Le secteur est également accro au pétrole pour produire des fibres synthétiques comme le polyester : 70% des fibres synthétiques sont des dérivées du pétrole.
Quand textile et eau ne font pas bon ménage
Même si on aime bien parler du CO2 et du climat, l’environnement ne se limite pas à ça.
L’industrie textile en est un bon exemple par son impact sur l’eau.
La production des matières premières comme le coton (24% des textiles) en est très gourmande.
Mais pour la culture du coton, c’est surtout la consommation massive d’engrais et de pesticides qui se retrouvent in fine dans le cycle de l’eau qui est critiquée.
Il faut ensuite fabriquer nos vêtements et là aussi, c’est un peu la cata.
Les produits utilisés pour transformer et teinter les fils sont souvent toxiques et finissent également dans l’eau après lavage.
D’ailleurs, si vos vêtements sont en matière synthétique (68% des textiles), c’est lors du lavage qu’ils polluent le plus l’eau, en relâchant des microparticules de plastiques (cf notre édition sur les océans).
Des alternatives existent
En connaissant les principales sources de pollution de l'industrie, il est possible de réduire l’impact de ses achats de textiles :
- En privilégiant des matières naturelles et d'origine biologique si possible comme le lin, le chanvre ou encore le coton et les matières recyclées pour les vêtements en synthétique
- En se créant un vestiaire auprès de marques ayant à cœur la durabilité de leurs vêtements.
Bon et puis il y a toujours la solution issue du bon sens paysan : acheter moins de vêtements.
💰 Pourquoi la France doit être un acteur majeur du textile ?
Aujourd’hui, on va la jouer un peu chauvin et regarder pourquoi la France a une véritable carte à jouer dans la mode durable.
La débâcle des années 90 et le renouveau
Dans les années 90, l'industrie textile française, notamment le prêt-à-porter, a subi un déclin marqué. C’est un euphémisme. Entre 1996 et 2015, l'industrie a perdu :
- 51 % de sa production
- 40 % de sa valeur ajoutée
- 66 % de ses effectifs salariés
Dans un contexte mélant délocalisation et montée du e-commerce, on s’est concentré sur les productions à très forte valeur ajoutée : luxe, textile technique etc.
Mais depuis la fin des années 2010, l'industrie textile en France connaît un renouveau. En 2017, pour la première fois depuis 40 ans, l'Union des Industries Textiles a enregistré une augmentation des effectifs de 3,6 %, soit 2 000 emplois supplémentaires.
Ce renouveau est porté par l'évolution de la demande des consommateurs vers une mode plus éthique et des achats « fabriqués en France ».
En 2022, 58% des Français considéraient que le “Made in France” était un critère d’achat prioritaire.
Un élan soutenu par le gouvernement dans le cadre de son plan d’investissement France Relance.
La France 1er producteur de lin
France Fact : Nous sommes leader incontesté de production de lin avec 75% de la production mondiale.
Et si vous vous souvenez bien, le lin fait partie des matières qui ont le moins d’impact écologique.
Pourtant aujourd’hui, le lin est envoyé en majorité en Chine ou en Pologne pour transformer sa fibre en fil.
Un processus fortement émissif quand il est réalisé à partir d’énergies fossiles.
Un non-sens écologique et tactique quand on sait que la France possède toutes les compétences pour créer une filière lin 100% française.
C’est d’ailleurs pour ça que plusieurs entrepreneurs, non sans difficultés, tentent de réinstaller des filières locales de textile en lin (Velcorex, Safilin, Linfini…).
La France, un pays à l’électricité bas-carbone
Il faut le rappeler : cadeau générationnel, notre parc de centrales nucléaires nous donne accès à un mix électrique très peu carboné.
De quoi fournir l’énergie nécessaire aux différentes étapes de la production de textile.
Si l’on rajoute à cela notre savoir-faire historique dans ce domaine, et note production de matière première locale : nous sommes idéalement placés pour devenir un leader de la mode durable.
Avec quelques limites
Il ne faut pas se voiler la face, cela ne se fera pas aisément.
On parle d’une filière entière à relocaliser : construire des usines, former du personnel, recréer un écosystème d’entreprises de toutes tailles.
Et il y aura surtout la bataille du prix.
Un véritable défi, face à aux flots de produits peu chers en provenance de Chine ou d’Inde.
Surtout quand le coût environnemental se paye aussi loin de nous.
Pour aller plus loin, voici un article complémentaire qui illustre bien l’impact de nos vêtements.
💸Comment investir dans la mode responsable ?
Il y a quelques secteurs où l’on en vient à se dire qu’on s’est quand même tiré une belle balle dans le pied il y a quelques années...
Mais si l’on veut reconstruire notre industrie textile, cela ne se fera pas sans investir.
Et là, vous me voyez arriver… Chacun peut y participer à son niveau.
Se vêtir “Made in France”
On commence par balayer devant son placard.
On vise les produits "Origine France Garantie" - et oui, l'appellation "fabriqué en France", n’est pas un label mais auto-déclaratif.
La boutique en ligne WeDressFair a listé dans cet article quelques marques françaises et écoresponsables.
Pratique avec les fêtes qui arrivent. 😉
Investir directement dans les entreprises de la filière
Les campagnes de financement participatif du secteur sont plutôt courantes.
Voici quelques noms d’entreprise ayant réalisé des campagnes récemment et qui pourraient être susceptible de relancer une campagne :
- Loom : une marque de mode ultra-durable (Très fan de leurs vêtements à titre perso)
- OMAJ : une boutique de vêtements de seconde main
- 1083 : la marque de Jeans 100% français
- Leon Flam : maroquinier 100% français
- Le Slip français
et bien d’autres encore.
Des fonds d’investissements s’intéressent aussi au secteur, j’ai vu passer une levée de la société EverDye qui propose de nouveaux procédés moins émissifs et moins polluants pour teindre nos vêtements.
Tout n’est pas rose dans le monde du textile français, j’en veux pour preuve les difficultés du groupe Schmitt qui regroupe Velcorex, Philea & Emanuel Lang. Après décision du tribunal administratif, ce pionnier de la filière locale de l’habillement est démantelé.
Velcorex sera repris par une SCOP de salariés, Philea et Emanuel Lang sont eux placés en liquidation judiciaire.
Velcorex avait fait l’objet de plusieurs campagnes de financement participatif.
Et du côté du coté ?
Ici, on reste plutôt sur notre faim.
Je n'ai pas connaissance de fonds dédiés à l'industrie textile durable. Encore moins à la réindustrialisation du textile français.
Chez nos voisins, j'ai trouvé une petite entreprise suédoise cotée qui recycle le coton : Renewcell.
Elle a vu entrer quelques grands noms à son capital il y a quelques années, dont son voisin H&M.
Depuis son cours de Bourse s'est effondré mais difficile à dire s'il remontera la pente.
Malheureusement, pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent en attendant l'introduction de nos champions français.
Comme à mon habitude, je vous tiendrai au courant si je vois passer des nouveautés sur le sujet.
Et voilà pour ce tour de la mode responsable, qui ressemblerait presque à un plaidoyer pour la relocalisation de la filière textile française.
Je suis preneur de votre retour sur cette édition.
On se retrouve dans deux semaines pour une nouvelle édition.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thème pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
👋
Gaël 🌳
Je voudrais te rappeler qu’ici tu ne trouveras pas de conseils d'investissement ni de recommandations personnalisées. Ces informations sont impersonnelles, uniquement à but informatif et pédagogique et ne sont pas adaptées aux besoins d'investissement d'une personne spécifique.
Tu dois aussi garder en tête qu’investir dans des actifs cotés ou non cotés comporte un risque de perte partielle ou totale des montants investis ainsi qu'un risque d'illiquidité.
Et enfin, le traitement fiscal d’un investissement dépend de la situation individuelle de chacun. Souviens-toi que les performances passées ne préjugent pas des performances futures.