Hello les Ăpinards,
On se retrouve pour une nouvelle Ă©dition qui sent bon lâiode đ, puisquâon va parler du transport maritime. đł
Câest parfois assez peu perceptible dans le quotidien, mais nous vivons au rythme des Ă©changes commerciaux internationaux. Et ces Ă©changes reposent sur un maillon clĂ© de la mondialisation : les bateaux.
Aujourd'hui, ils sont sous le feu des "projecteurs climat", car le secteur du transport maritime est un gros consommateur d'énergies fossiles et qu'il va devoir évoluer fortement dans les années à venir.
Mais bonne nouvelle ! On connaĂźt dĂ©jĂ une solution bas carbone, on lâa Ă©prouvĂ©e pendant presque cinq millĂ©naires, jâai nommĂ© đ:
Deux mots avant de vous en dire plus :
Ăpinard va marquer une pause estivale pour les 3 premiĂšres semaines d'aoĂ»t. Vous aurez le droit Ă un ultime coup de đ dimanche prochain avant de se retrouver le 27 aoĂ»t pour la prochaine Ă©dition gratuite.
On va en profiter pour dessiner le futur dâĂpinard et voir quels thĂšmes on va aborder Ă la rentrĂ©e.
đ On compte sur vous pour nous donner votre avis en rĂ©pondant Ă ce sondage entre deux cocktails d'Ă©tĂ© :
Et maintenant, place Ă l'Ă©dition du jour !
HissĂ©o, â”
GaĂ«l pour la Team Ăpinard đł
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đą Le transport maritime, maillon clĂ© de la mondialisation.
Aujourdâhui, le transport maritime est le mode de transport le plus important pour la circulation des marchandises.
Depuis les annĂ©es 90, les chaĂźnes de productions se sont dispersĂ©es aux quatre coins du monde Ă la recherche de main-dâĆuvre ou de matiĂšre premiĂšre Ă bas coĂ»ts, allongeant fortement les distances entre producteurs et consommateurs.
Il sert principalement pour les Ă©changes intercontinentaux et plus rarement sur des courtes distances, on parle alors de cabotage.
5 millénaires de domination du bateau à voile
3500 avant JC, câest la date estimĂ©e de lâinvention de la voile.
Pendant prÚs de 5000 ans donc, la navigation à voile a été pratiquée et a joué un rÎle important dans le développement de nos civilisations.
Jusquâaux annĂ©es 1880, les clippers, ces voiliers rapides et Ă©lancĂ©s faisaient encore partie intĂ©grante du commerce maritime international.
Câest lâarrivĂ©e des machines Ă vapeur mais surtout de progrĂšs comme le moteur Ă hĂ©lice, et lâouverture du canal de Suez Ă la fin du XIXe siĂšcle qui achevĂšrent le dĂ©clin du transport vĂ©lique.
On a donc connu un monde au transport maritime 100% bas carbone pendant plus de 4800 ans et à peine 150 ans de transport maritime carboné.
Une explosion des échanges plutÎt récente
Bon, il ne faut pas ĂȘtre naĂŻf non plus. Les quantitĂ©s Ă©changĂ©es nâont rien Ă voir entre maintenant le dĂ©but du XXe siĂšcle.
Pour lâannĂ©e 2019, on parle de 11 milliards de tonnes de marchandises qui ont traversĂ© les ocĂ©ans. 5 fois plus quâen 1970.
Et selon les prĂ©visions actuelles, ce volume devrait encore croĂźtre de 35 Ă 40% dâici 2050, favorisĂ© par lâaugmentation de la population mondiale.
Et oui, le transport maritime a un avantage hors pair : son coĂ»t extrĂȘmement faible. Qui s'explique par la taille croissante des navires et par leur carburant : un rĂ©sidu pĂ©trolier Ă bas coĂ»t et exonĂ©rĂ© de taxe, le fioul lourd.
[Sponsor] DĂ©carboner le transport maritime avec LITA, mais pas queâŠ
Je suis super fier que LITA, la solution dâinvestissement durable et accessible Ă tous, sponsorise Ă nouveau la newsletter de cette semaine.
Et ça tombe bien, parce quâils sây connaissent bien en transport maritime.
GrĂące aux investisseurs sur la plateforme, câest la construction de 3 voiliers-cargos qui a pu ĂȘtre lancĂ©e pour les entreprises TOWT et Windcoop.
PlutÎt concret comme résultat non ?
Dâailleurs, restez attentifs dâautres campagnes sur ce thĂšme pourraient sortir prochainement.đ
En attendant, vous pouvez toujours investir dans la dĂ©carbonation de la mobilitĂ© urbaine avec les scooters Ă©lectriques de ZeWay ou encore dans le rĂ©trofit de vĂ©hicules utilitaires avec TOLV (un coup de đ Epinard Ă retrouver ici).
Et vous pouvez mĂȘme aller un cran plus loin sur LITA. Comment ? En aidant des entreprises conventionnelles Ă faire leur transition, car si lâon veut atteindre nos objectifs climatiques, elles aussi doivent rĂ©duire leurs Ă©missions.
Pour cela, il existe lâoffre dâinvestissement âTransformationâ sur la plateforme.
ConcrĂštement, lâentreprise Ă©met des obligations vertes avec prime dâimpact pour financer les diffĂ©rentes Ă©tapes : de la rĂ©alisation du bilan carbone Ă la mise en Ćuvre du plan dâaction pour rĂ©duire lâimpact de lâentreprise.
Bonus : Si lâentreprise nâatteint pas ses objectifs, elle doit vous verser une prime dâimpact. Câest donc un mĂ©canisme incitatif pour lâentreprise en la contraignant Ă payer un taux d'intĂ©rĂȘt plus Ă©levĂ© en cas de non atteinte des engagements.
Donc soit elle arrive Ă dĂ©carboner son activitĂ©, soit vous obtenez plus dâargent pour financer la transition.
Convaincu.e ?
Une campagne est en cours avec Vestia une entreprise de lâimmobilier.
Pour rappel, l'investissement participatif présente un risque de perte en capital et les rendements ne sont pas garantis.
đTransport maritime & climat
Reprenons, 11 milliards de tonnes de marchandises...
Vous vous en doutez, avec des chiffres comme ça, lâimpact sur le climat nâest pas du tout nĂ©gligeable.
Est-il pour autant possible de revenir vers un transport maritime utilisant la force du vent ? Regardons ça en détail.
3% des Ă©missions mondiales
Il faut le rappeler, le transport maritime est le mode de transport le moins émetteur de gaz à effet de serre par unité transportée.
Une raison pour ne rien faire ?
Non, car sa facture climatique nâa de cesse dâaugmenter en raison de lâintensification des Ă©changes comme vu juste au-dessus.
Et cette facture, elle est dĂ©jĂ bien salĂ©e. đ
Et ça, câest uniquement pour le CO2, je vous passe les autres pollutions en tout genre, lâimpact sur lâenvironnement des infrastructures portuaires, ou encore lâimpact sur la biodiversitĂ© marine.
Du coup, lâOrganisation Maritime Internationale (OMI), et ses 175 pays membres, ont pris plusieurs engagements :
- RĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă effet de serre de 40% par tonne par kilomĂštre dâici 2030
- RĂ©duire dâau moins 50% le volume global des Ă©missions dâici Ă 2050
Si ces engagements vont dans le bon sens, lâambition devait ĂȘtre revue et amĂ©liorĂ©e, cette annĂ©e, pour viser le zĂ©ro Ă©mission en 2050.
DâaprĂšs un article du Monde, les discussions ont abouti Ă un accord contrastĂ©, non-alignĂ© avec les 1,5°C de lâAccord de Paris.
Le dĂ©fi reste donc immense : câest 300 millions de tonnes annuelles de carburant fossile qui doivent ĂȘtre remplacĂ©es par des sources dâĂ©nergie bas carbone.
4 pistes pour réduire les émissions du secteur
1 - Relocaliser les chaĂźnes de productions
Relocaliser, câest rĂ©duire les chaĂźnes logistiques et donc rĂ©duire les Ă©missions liĂ©es au transport.
Câest, peut-ĂȘtre, la piste la plus utopique tellement les dĂ©fis sont importants.
Mais nous avons tous pu le constater pendant et aprĂšs lâĂ©pidĂ©mie de COVID : nos chaĂźnes dâapprovisionnement sont dĂ©pendantes de ce qui se produit ailleurs sur la planĂšte. Il y a donc dâautres intĂ©rĂȘts en jeu que le climat : gouvernance, indĂ©pendance stratĂ©gique etc.
Ă court terme, je miserais plutĂŽt sur la solution suivante.
2 - Slow Steaming ou un anglicisme pour aller moins vite
Cette technique déjà éprouvée à de multiples reprises pendant les différents chocs pétroliers ou encore pendant la crise de 2008 est trÚs simple : on réduit la vitesse des bateaux.
On réduit de 15% la vitesse pour réduire la consommation de fioul de 30 à 55%.
Un accord des principaux armateurs ou des pays de lâOMI suffirait pour rĂ©duire mondialement la vitesse des navires et ipso facto les Ă©missions.
Dans le jargon business on appelle ça un quick win !
3 - Carburant de synthĂšse ou biocarburants
Pour remplacer le fioul lourd, la piste des carburants de synthÚse est évidemment explorée.
HydrogĂšne, ammoniacs produits avec de lâĂ©lectricitĂ© dĂ©carbonĂ©e ou encore biocarburants Ă partir de biomasse.
Mais ces solutions sont loin dâĂȘtre la martingale que lâon peut espĂ©rer.
Tout dâabord, ces technologies sont relativement peu matures et demanderont le dĂ©ploiement de nouvelles infrastructures importantes (raffineries, stockage etc).
Leur utilisation Ă bord dâun navire impose de nouvelles contraintes en termes de stockages et de sĂ©curitĂ©, ce qui limitera de facto le retrofit des bateaux actuels.
Dernier point en leur dĂ©faveur : le coĂ»t. Selon le rapport de lâADEME, les nouveaux carburants coĂ»teraient 2 Ă 8 fois plus cher que le fioul lourd. Quand on sait que le carburant reprĂ©sente dĂ©jĂ 35% des charges dâun armateur, ils pourront difficilement absorber cette hausse.
Leur utilisation ne pourra donc ĂȘtre possible quâen cas de forte rĂ©duction du besoin en carburant.
Ce qui laisse de la place Ă la solution historique đ€©đ
4 - Le grand retour de la voile
Un rapport trĂšs bien fourni de lâADEME de 2022, fait l'Ă©loge de ce mode de propulsion.
DĂ©jĂ , il faut comprendre quâil existe de nombreuses techniques et innovations rĂ©centes sur le type et la forme des voiles - ce qui permet de rĂ©trofiter (de convertir) de nombreux navires dĂ©jĂ existant.
Et cerise sur le gĂąteau, le vent est gratuit. La voile offre donc des gains Ă©conomiques de 5 Ă 20% sur des navires existants et jusquâĂ 80% pour des navires utilisant principalement la propulsion vĂ©lique.
Selon lâADEME, lâĂ©nergie du vent propulse un navire de taille moyenne avec suffisamment de puissance pour constituer son moteur principal sur des routes adaptĂ©es, comme les transatlantiques. Selon les tailles et types de navires, elle peut ĂȘtre une source de puissance complĂ©mentaire permettant dâabord une stabilitĂ© du coĂ»t du transport pour la partie assurĂ©e grĂące Ă lâĂ©nergie du vent.
Et ce nâest pas un rĂȘve lointain, une quinzaine de grands navires de charges testent dĂ©jĂ la propulsion vĂ©lique (comme le E-ship 1 ci-dessous) et dâautres devraient les rejoindre prochainement.
L'E-ship 1 utilise ce qu'on appelle des rotors "Flettner".
Les rotors une fois mis en rotation, accĂ©lĂšrent localement les flux d'air et ainsi propulsent le navire via lâeffet Magnus.
Pour les curieux de la physique derriÚre tout ça, voici une vidéo.
đ¶Alors faut-il investir dans la voile ?
Si la voile ne sera pas la meilleure solution pour toutes les voies de navigation actuelle, elle pourra ĂȘtre utiliser pour une bonne part des 100 000 navires actuels.
La commission europĂ©enne estimait en 2017, quâil y aurait entre 3700 et 10 000 navires Ă©quipĂ©s de voiles dâici Ă 2030. Pour rappel, il en existe Ă peine quelques dizaines aujourdâhui. De son cĂŽtĂ© le gouvernement britannique tablait sur 35 Ă 40 000 navires dâici 2050.
Câest ce que lâon appelle de belles perspectives.
Dâautant plus que les pressions augmentent sur les navires Ă fioul lourd que ce soit du cĂŽtĂ© rĂ©glementaire, du cĂŽtĂ© financier avec lâaugmentation du prix du baril ou encore de la demande avec des entreprises de plus en plus regardantes des enjeux RSE.
Et cocorico, la France a une belle carte Ă jouer en la matiĂšre.
Nous possĂ©dons des fleurons industriels autant sur la partie navale (Naval Group, Chantiers de lâatlantique) qu'offshore ou encore aĂ©ronautique .
Dâailleurs, ce nâest pas un hasard, si sur la trentaine de dĂ©veloppeurs de technologie de voiles dans le monde, neuf sont en France.
Il ne reste plus quâa convaincre les armateurs de passer le pas pour valider les performances attendues en mer. Et certains sây attĂšlent dĂ©jĂ .
đ° Comment investir dans le secteur ?
3 grands projets de cargos à voile ont déjà été financé en 2022 et début 2023, avec à chaque fois une part de financement participatif.
Il est donc possible dâinvestir directement dans les entreprises ou de financer la construction des navires.
D'ailleurs vu les succĂšs des collectes, je ne serai pas surpris dâen voir dâautres arriver prochainement sur les plateformes. Je vous tiendrai au courant đ
Voici les entreprises Ă surveiller :
- TOWT : Une entreprise pionniĂšre du transport vĂ©lique depuis dĂ©jĂ 10 ans avec de vieux grĂ©ements ; elle a lancĂ© la construction de 2 cargos pour une premiĂšre mise Ă lâeau en 2023.
- Windcoop : Cette coopĂ©rative a lancĂ© la construction dâun cargo pour faire transiter des produits entre Madagascar et la France Ă partir de 2025.
- Neoline : Elle se penche sur la ligne transatlantique Saint-Nazaire-Baltimore pour livrer du matériel qui ne rentre pas dans des conteneurs standards. La construction de son premier navire a commencé en 2023.
- Airseas & Beyond the sea qui proposent toutes les deux des technologies assez proches du kite pour des cargos
Une autre approche pour soutenir le développement de cette nouvelle filiÚre : Acheter les produits des entreprises françaises qui y contribuent. Voici quelques exemples :
- Grain de Sail, la sociĂ©tĂ© morlaisienne (oui câest en Bretagne đ) ramĂšne Ă la voile du chocolat et du cafĂ© - et leurs produits sont trĂšs bons, câest testĂ© et approuvĂ©.
- Arcadie, qui propose des Ă©pices sous les marques Cook et lâHerbier de France est un partenaire majeur de Windcoop (voir ci-dessous)
- Cherchez également les produits labéllisés ANEMOS garantissant un transport à la voile par TOWT.
Et si tu nâas pas encore prĂ©vu tes vacances, sache que Sailcoop propose tout lâĂ©tĂ© des aller-retours Ă la voile entre la Corse et Saint RaphaĂ«l. ââ±
C'est la fin de ce tour de la voile sauce Ăpinard đł!
N'oublie pas de répondre au sondage sur le futur d'Epinard juste ici :
Partage-nous Ă©galement ton retour sur cette Ă©dition juste en dessous đ
Pas Vraiment | Un peu | PlutĂŽt | Beaucoup | ĂnormĂ©ment
On se retrouve la semaine prochaine pour un dernier coup de đ avant la pause.
PS : Toutes les éditions précédentes sont dispos ici. Elles sont rangées par grand thÚme pour que tu puisses t'y retrouver facilement.
đ
GaĂ«l & Jean-Marc đł